In vitro
Exposition personnelle
Galerie NextLevel
Paris 3e
2014
Travaux exposés :
Points noirs
Epis
Epis périphériques
Touffes
Squares
Il semble qu’au départ, il n’y ait eu que du blanc. Mais maintenant la couche blanche et moelleuse se perfore, laissant percevoir de petits cratères ou petites cloques qui annoncent parfois l’émergence d’une pousse noire.
Les œuvres de Christine Maigne sont des espaces in vitro qui offrent un milieu à des cultures élémentaires, dont la nature et le devenir nous sont inconnus. Ces développements prennent la forme de séries et familles d’émergences noires, d’étranges pilosités sombres, de diverses taches, trous ou bosses qui semblent envahir l’espace et se nourrir du blanc. Certaines sont aiguës et drues, d’autres plus souples ou fragiles.
La surface blanche, les vides, les gonflements de la surface et les petites pousses révèlent tout un monde organique latent, le vide est potentiellement sujet à d’autres développements possibles. C’est ainsi que certaines séries sont presque blanches, pas d’un blanc d’une monochromie abstraite, mais un blanc fertile. Plutôt qu’une présence figée, c’est un phénomène d’apparition que ces œuvres nous donnent à percevoir.
On est troublé par l’ambivalence de ces formes parfois ténues qui se dérobent dans le flou, laissant l’œil impuissant à en savoir plus, et qui se montrent en même temps terriblement visibles et dures lorsqu’elles atteignent la surface du verre et dévoilent une noirceur impudique qui macule la surface. Ces oeuvres feutrées et presque silencieuses semblent nous provoquer par le contraste avec ce qui en éclôt.
L’œil est stimulé, l’esprit est amusé. Il ne s’agit en effet que d’un poil, d’une cloque, d’un petit trou, ou d’un point noir, mais cette élémentarité familière et sans échelle nous ouvre à des constellations, à l’infiniment petit, ou à notre propre corps.
Dans l’œuvre de Christine Maigne, la question de la naturalité est toujours posée, ses formes de croissances universelles et très basiques nous renvoient au naturel, à notre animalité, au végétal, au vivant, mais cet univers aseptisé in vitro et presque achrome, la matérialité synthétique des éléments noirs, semblent nous rappeler que la nature est aussi un concept de l’homme et qu’il sait en repousser les limites.